L’optimisation énergétique à l’hôpital est parfaitement possible, malgré les équipements et fonctionnements énergivores associés aux activités de soin.
Au Danemark, une restructuration fondamentale du secteur des soins est en cours dans tout le pays depuis le début des années 2010.
Les objectifs se résument en l’optimisation de ressources énergétiques et économiques de l’hôpital, et une offre de soins de la même qualité élevée pour tous.
Afin d’atteindre ces objectifs, la restructuration des soins vise une meilleure coopération et harmonisation à travers les régions ainsi qu’une présence de proximité plus forte.
La durée du projet est estimée à 10 ans.
Une importante partie de la mise en pratique de cette restructuration a été le regroupement des hôpitaux dans le pays.
La fusion entre les hôpitaux de Frederiksberg et Bispebjerg (Frederiksberg Hospital, Bispebjerg Hospital) en est un exemple, ou les services de soin pour une population de 400 000 personnes ont été regroupés en un seul ensemble hospitalier.
Dans le cadre de la fusion, un certain nombre de bâtiments existants ont été rénovés et reconstruits, voire de bâtiments tout neufs ont été édifiés.
L’analyse de la consommation énergétique annuelle liée à différentes parties de l’activité de l’hôpital Bispebjerg donne une idée du caractère énergivore de l’activité hospitalière :
- 13,6 millions kWh d’électricité
- 520 000 mètres cubes de gaz
- 6 498 tonnes de vapeurs d’eau provenant de la laverie (4 766 tonnes de textiles lavées annuellement)
- 225 000 mètres cube d’eau dont la moitié de la consommation par la laverie et la cuisine
- 170 000 mètres cubes d’oxygène
S’y ajoute l’approvisionnement par le réseau de chauffage urbain, pour le chauffage des pièces et de l’eau.
L’attention est également portée sur les importantes quantités de chaleur que dégagent les équipements technico-médicaux, les ordinateurs, les réfrigérateurs et les équipements de recherche.
En effet, l’énergie et l’économie à l’hôpital sont liées de manière particulièrement forte.
Un sondage a été déployé auprès du personnel de différents hôpitaux du pays afin de connaître le niveau de qualité et de satisfaction sur leur lieu de travail par rapport aux paramètres primordiaux dans le fonctionnement de l’hôpital.
Les paramètres évoqués étaient *l’exposition aux épreuves et difficultés ergonomiques, *les investissements pour une meilleure ergonomie à son lieu de travail, le climat interne et les éventuelles pénibilités causées par la température, par l’état de l’air ou bien par d’autres insuffisances de la climatisation, éventuelles pénibilités en rapport avec l’éclairage et les pénibilités par rapport au bruit.
Le sondage a relevé que le personnel dans les hôpitaux modernisés n’éprouvait pas forcément un meilleur climat interne que leurs confrères et consœurs dans d’autres établissements de santé.
En ligne avec l’objectif d’optimisation énergétique de l’hôpital et des ressources économiques, le projet du nouvel hôpital Bispebjerg focalise sur la réduction de l’empreinte carbone et sur le développement durable dans une perspective holistique.
Ainsi, toutes les étapes sur la chaine de consommation énergétique ont été étudiés dans le but d’identifier chaque élément permettant de diminuer la consommation énergétique et réduire l’empreinte de carbone : la source de matière première, le raffinement, la production, le transport, l’utilisation et enfin la gestion des déchets.
Une comparaison et évaluation de l’intérêt économique pour l’hôpital de la production d’énergie à la base de sa propre source (éolienne) contre l’achat d’énergie d’une source externe a été effectuée en amont de la prise de décision par rapport à quelle source utiliser.
Le choix est tombé sur la solution Aquifer Thermal Energy Storage (ATES), soit une installation de climatisation basée sur nappe phréatique.
La nappe phréatique sous-terrain de l’ensemble hospitalier et repartie en puits chauds et puits froids. Un système de pompage réversible permet de dégager et de récupérer de la chaleur ou du froid, en fonction des besoins du moment.
Les atouts en faveur de ce choix sont :
- Une bonne économie pour l’hôpital grâce à la réduction des coûts relatifs à la consommation énergétique
- La possibilité de stockage des calories de la période estivale pour l’hiver et vice-versa.
- La forte efficacité
- Une technologie simple.
L’optimisation énergétique et l’hôpital – quelques défis particuliers
L’aspect d’optimisation énergétique du projet hospitalier a permis de porter l’attention sur le fait que toutes les solutions de réduction de consommation énergétique ne sont pas forcément bénéfiques pour la santé des patients.
Il convient d’être vigilant avec les longueurs d’ondes de lumière de différents dispositifs d’éclairage.
Les installations de ventilation et de chauffage ainsi que tous les conduits, gaines et pièces de raccordement doivent être simples à nettoyer, sans apporter de risque de contamination croisée.
Il mérite également réflexion de noter la plus forte consommation des ustensiles à usage unique à la place des accessoires de l’autoclave. Certes, la consommation énergétique diminue, mais plus de déchets sont générés.
Il est également possible d’économiser pas mal d’énergie au niveau du système d’assainissement, pour les hôpitaux qui ne sont pas reliés au tout-à-l’égout. En optant pour un système sans électricité, les économies d’énergie peuvent être considérables !
Gestion durable de la consommation d’eau
La gestion de l’eau potable, des eaux de pluies et des eaux usées était prévue depuis le départ du projet du Bispebjerg.
Le fait d’intégrer la question de l’eau dès le départ du projet a permis de prévoir une gestion fonctionnelle et minimaliste quant à l’utilisation de ressources.
L’épuration d’une partie des eaux usées est effectuée par la station dédiée dont dispose l’ensemble hospitalier, et l’eau ainsi épurée est recyclée sur site à des fins prédéfinies.