Interview avec la Directrice Générale de l’EPEE
Andréa VOIGT est directrice générale de l’ EPEE, l’ European Partnership for Energy and the Environment (Partenariat Européen pour l’Energie et l’Environnement) basé à Bruxelles. Elle a accepté de répondre aux questions d’HVAC Intelligence sur l’organisation qu’elle dirige et les enjeux en cours à Bruxelles pour l’HVAC.
Bonjour Andrea VOIGT. Tout d’abord, pouvez-vous nous présenter l’EPEE ? Quels sont ses membres ? Ses objectifs ? Son mode de financement ?
Andrea VOIGT – Bonjour. L’EPEE est une association, qui a été créée en 2000. Ses membres sont des sociétés fabricantes (OEM – Original Equipment Manufacturer) des secteurs des pompes à chaleur, de la climatisation et de la réfrigération (HVAC&R). L’EPEE compte aussi comme membre des associations américaines, japonaises ou européennes du secteur de l’HVAC. Uniclima en France en fait partie, par exemple.
Alors qu’à sa création, EPEE agissait surtout de manière défensive, visant à réagir sur certains projets législatifs aujourd’hui, notre politique à l’EPEE est clairement plus pédagogique. Elle est axée sur l’information et l’éducation des dirigeants politiques et des leaders d’opinion européens. Nous voulons représenter notre industrie auprès des grands décideurs politiques, et permettre, à travers les relations ainsi créées, un échange régulier et fructueux, que ce soit à l’échelle nationale, en coopération avec nos associations partenaires, à échelle européenne ou internationale. Il s’agit de contribuer de manière constructive aux projets législatifs en partageant l’expérience industrielle de nos membres avec les décideurs politiques.
En quoi l’EPEE se distingue-t-il des autres associations de l’HVAC ?
Andrea VOIGT – Chez EPEE, les fabricants du secteur HVAC&R, sont directement représentés. Notre particularité (et notre force) est d’être très réactif car nous recueillons nos informations directement auprès de nos membres qui sont actifs et présents en direct sur leurs marchés. Le facteur temps joue un rôle important dans la capacité à informer de manière pertinente les décideurs politiques européens lorsque des projets de directives concernant l’HVAC&R sont en cours d’élaboration.
Quels sont les sujets importants pour l’EPEE aujourd’hui ?
Andrea VOIGT – Aujourd’hui, c’est le thème de l’efficacité énergétique qui nous occupe beaucoup. Ce thème important est l’objet de 5 directives qui se complètent, et qui sont gérées par des équipes différentes au niveau de la Commission Européenne.
- La directive EPBD, sur le bâtiment, doit être révisée bientôt,
- La directive sur l’efficacité énergétique (EED), qui impose un mécanisme en matière d’efficacité énergétique et qui oblige les distributeurs d’énergie et/ou les entreprises de vente d’énergie au détail à réaliser des économies d’énergie de 1,5 % par an. En outre, cette directive fait la promotion de l’usage des compteurs intelligents, des rénovations efficaces en énergie pour certains types de bâtiments et des audits d’énergie obligatoires pour certaines entreprises.
- La directive sur les énergies renouvelables (EnR),
- La directive sur le label énergétique,
- Des discussions sur la directive eco-design, dont certains aspects sont également discutés actuellement.
En plus de ces 5 sujets sur lesquels l’EPEE est mobilisé, nous continuons à travailler sur la mise en œuvre de la directive F-Gas afin qu’elle livre les résultats attendus.
Justement, où en est-on avec la F-Gas ?
Andrea VOIGT – La nouvelle règlementation F-Gas se met graduellement en place. Outre le « phase-down » des HFC, qui en représente l’innovation principale, l’annexe 3 donne la liste des interdictions concrètes comme par exemple celle des fluides d’un GWP supérieur à 2500 dans les applications fixes de réfrigération.
A l’EPEE, nous avons soutenu dès le début la mesure du phase-down qui accélèrera la transition vers des fluides à moindre GWP tout en laissant une certaine flexibilité, permettant aux utilisateurs de choisir les fluides les mieux adaptés d’un point de vue efficacité énergétique, sécurité et environnement. En outre, la mesure d’un phase-down des HFC est également discutée au niveau international, dans le cadre du Protocole de Montréal. Pour éviter que les acteurs en Europe souffrent, il est important que les mesures prises en Europe soient compatibles avec un éventuel accord international – même si celui-ci n’interviendra pas dans le court-terme.
Comment ces changements s’intègrent-ils dans la stratégie des entreprises de l’HVAC ?
Andrea VOIGT – Je dirais que nos membres sont déjà très au fait des enjeux de ces changements règlementaires concernant l’HVAC&R et ils s’y préparent avec sérieux. Ils ont conscience que les évolutions règlementaires prises à Bruxelles influent leurs activités nationales et européennes. Même si ce n’est pas le cas pour tous les acteurs de notre industrie de l’HVAC&R, certains sont particulièrement volontaristes pour influencer positivement les changements futurs et les anticiper. Tandis que d’autres préfèrent exercer une veille règlementaire attentive et sont plus adaptifs en fonction des évolutions des règlementations et du marché.
Merci à Andréa VOIGT de nous avoir accordé cette interview. Vous pouvez retrouver toutes nos interviews des acteurs de l’HVAC&R sur la page dédiée.
A propos d’Andrea VOIGT
Andrea VOIGT est une des spécialistes reconnue de l’industrie de l’HVAC & Réfrigération en Europe. Elle a commencé sa carrière chez Rhône Poulenc en Allemagne, puis a fondé et dirigé AMV Communication, une agence spécialisée dans la communication, notamment concernant l’HVAC&R. Elle est directrice générale de l’EPEE depuis 2009. A ce titre elle a été au cœur, entre autres, des intenses négociations autour des règlementations F-Gas. Andrea est diplômée de la HERTIE School of Governance de Berlin en Allemagne et du Oxford College of Marketing au Royaume-Uni.